Pour rappel, la "Carte Famille Nombreuse" est délivrée depuis plus de 80 ans, par la SNCF, et donne droit à des réductions sur ses tarifs pouvant aller jusqu'à 70, 75 %, selon la composition de la famille. La présentation de cette carte permet également d'obtenir des remises intéressantes dans un certain nombre de magasins.
La polémique fait suite à un article paru dans Le Monde, semble-t-il. Le gouvernement envisagerait de la supprimer, dans le cadre de sa recherche d'économies tous azimuts. Il s'en défend et affirme qu'il n'est pas question de suppression, mais simplement de revoir le principe d'aides aux services sociaux de la SNCF. Cette dernière ajoute de son côté qu'elle compte bien maintenir cette carte, voire même d'enrichir la gamme de ses avantages.
Nadine Morano, secrétaire d'État chargée de la famille, le confirme. Le gouvernement n'a pas l'intention de confondre politique familiale et politique sociale.
Bref, on est dans le tohu-bohu habituel, peut-être en raison d'une trop grande précipitation, d'un manque de concertation, d'une mauvaise communication, voire d'un "pavé" lancé dans la mare pour voir les rédactions.
L'opinion réagit effectivement. Par exemple :
1 - Faut-il accorder cette carte, donc ces réductions, uniquement aux personnes de revenu modeste ? Ce qui déclenche aussitôt la question de savoir jusqu'à quel niveau les revenus sont considérés comme tels. Beaucoup semblent opposés à cette sorte de discrimination.
2 - Le monde actuel avec ses familles recomposées ajoute à la confusion.
3 - D'autres font remarquer que les familles nombreuses cotisent beaucoup au système fiscal via la TVA. Ou encore qu'elles contribuent plus que d'autres à l'avenir de nos retraites.
Je réagis, parce que cela illustre parfaitement une réflexion de fond évoquée dans UTOPIES ?
Une multitude d'aides diverses sont apportées aux plus modestes, aux personnes en difficulté, il y en a tant et tant que l'on s'y perd. Que de paperasse et de complication entre les dossiers à constituer, le contrôle de ceux-ci, la gestion de tout cela ! Je ne mets pas sans doute la nécessité d'aider celles et ceux qui restent sur le bord de la route pour de multiples raisons, bien au contraire. Cependant, ne serait-il pas plus juste et plus motivant de faire en sorte qu'il leur soit possible d'obtenir des ressources en contrepartie d'une occupation utile ? Ne serait-il pas plus juste également de rémunérer de façon plus équitable l'activité et le travail ? Cette réflexion est bien développée dans UTOPIES ? J'y reviendrai dans d'autres billets. Mais rien ne vous empêche de vous plonger dans le livre.
En ce qui concerne les personnes qui ne peuvent pas travailler, assumer une activité (les enfants, les individus atteints d'un handicap lourd, les malades, par exemple), il est normal de leur permettre d'avoir ce qu'il faut pour vivre décemment. Là également il existe beaucoup de choses, c'est insuffisant. Pour preuve : la proposition de RSA (Revenu de Solidarité Active) de Martin Hirsch (qui semble en difficulté pour raisons financières), les réclamations d'un revenu minimum d'existence décent de la part des handicapés, et bien d'autres choses.
La notion de Bouclier Social développée dans UTOPIES ? est une réponse à ces préoccupations. Aujourd'hui, on le voit bien, avec les points évoqués ci-dessus, on n'arrive pas à mettre en place ces mesures dont la nécessité apparaît de plus en plus évidente. L'obstacle majeur, c'est le financement. Il est clair que les moyens financiers ne sont pas illimités. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement cherche désespérément comment réduire les dépenses. Chacun s'y oppose, bien entendu. Je pense qu'on ne pourra pas faire quelque chose de sérieux sans une reconstruction de fond, proposée et correctement expliquée pour être acceptée par une grande majorité. C'est aussi la philosophie développée dans UTOPIES ?
Les aides sont nombreuses, mais insuffisantes, je l'ai dit. Elles ont des inconvénients que j'ai évoqués rapidement aussi. Remplaçons-les par un système simple et motivant. Donnons des ressources plutôt que d'assister. Cela aura l'avantage de responsabiliser les personnes et de leur rendre leur dignité.
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