Dans l'entre deux tours des municipales, le MoDem fait beaucoup parler de lui. En effet il est sollicité par l'UMP, tout comme par le PS, chacun dans un certain nombre de cas sollicitant son appui pour emporter l'élection. Lui-même a besoin de représentants siégeant dans les conseils municipaux, pour crédibiliser le rôle qu'il souhaite jouer sur l'échiquier politique.
La polémique fait rage, bien sûr. Mais les électeurs, comment s'y retrouvent-t-ils dans cette stratégie du coup par coup ? François Bayrou dit qu'il veut changer l'approche politique en France, qu'il est possible de travailler avec des républicains, qu'ils soient socialistes ou de l'UMP, qu'il est anormal que dans notre système on ne puisse pas serrer la main de quelqu'un qui est de l'autre côté.
Cette polémique m'intéresse. En effet, lors de discussions à propos d'UTOPIES ? il est fréquent que l'on me dise : en définitive, vos idées ressemblent à celles de François Bayrou. C'est donc l'occasion pour moi de préciser mon point de vue, qui finalement est assez différent du sien.
Il déclare n'être ni de droite, ni de gauche. Mais dans la pratique il est obligé de prendre position. Pas toujours de la même façon. Pour les présidentielles il l'a fait manifestement contre Nicolas Sarkozy, ce qui a eu pour effet de déconcerter tous ceux qui le suivaient, mais qui penchaient à droite. Il ne peut assurément pas conserver une attitude vraiment neutre, c'est-à-dire ne pas prendre parti pour un côté ou l'autre, car il s'exclut du jeu politique actuel. C'est ce qui s'est passé pour l'élection présidentielle où la plupart des ténors de son équipe ont rejoint l'UMP. Dans le cas des municipales on retrouve la même difficulté, et pour exister il faut bien faire alliance avec l'un ou avec l'autre. Chacun le fait au coup par coup, en prétextant choisir l'équipe répondant le mieux à sa propre sensibilité. En réalité, le choix correspond plutôt à l'équipe avec laquelle il est plus favorable de s'associer, voire avec la seule avec laquelle il y a possibilité de le faire. On le voit bien avec Paris, où Bertrand Delanoë a refusé l'alliance qui ne lui était pas nécessaire, ce qui a provoqué la fureur de Marielle de Sarnez.
La position du MoDem est ambiguë par ce qu'elle se situe dans le cadre du système politique de partis. Système dans lequel, qu'on le veuille ou non, on appartient à un parti, on est dedans. Un système dans lequel on ne peut pas être ni dedans ni dehors, ni de droite, ni de gauche.
Les idées développées dans UTOPIES ? sont en définitive très différentes. UTOPIES ? constate qu'un bon nombre de citoyens, lorsqu'on lui présente un projet, se moque totalement du fait qu'il soit de droite, de gauche, ou d'ailleurs, ce qui l'intéresse c'est qu'il soit bien, qu'il lui convienne, qu'il réponde à ses préoccupations. Aujourd'hui, les citoyens, lorsqu'on les oblige à choisir entre des partis, ne peuvent pas faire autrement que de prendre position pour l'un d'entre eux. Il est donc très différent d'être dans un système dans lequel on choisit ses représentants dans le panel des offres existantes ou d'être dans un système (qui n'existe pas encore), mais dans lequel il nous serait possible de faire les choix de société qui nous conviennent, de dire quelles sont les solutions que nous voudrions voir mettre en oeuvre.
Se sont sur ces idées qu'UTOPIES ? propose des pistes de réflexion.
Et pour sourire, je dirai :
"Avec le MoDem, les électeurs se paument, avec UTOPIES ? les lecteurs se pâment."
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