Place Bellecour à Lyon, lors du Salon "Utopies", sur le stand de la librairie Pleine Lune, il y avait à côté de mon livre une pile de celui de Pierre Rabhi. Je ne connaissais ni cet auteur, ni ses ouvrages. Beaucoup de personnes sont venues l'acheter, m'en disant grand bien. J'étais désolé lorsqu'elles me questionnaient d'avouer mon ignorance. J'ai acheté le livre moi aussi et je viens de terminer sa lecture. Il est effectivement fort intéressant par son contenu très clair et de lecture facile. Je vous le recommande d'autant plus volontiers que j'y ai retrouvé nombre d'idées voisines de celles de mon propre livre, présentées différemment, mais qui me confortent dans mes convictions. Lisez ci-dessous la préface de Nicolas Hulot, qui présente bien le contenu du livre.
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PRIORITÉ AUX CONSCIENCES
Il faut écouter cet homme-là.
Ses mots ne tombent pas du ciel ; ni ne proviennent de cénacles bien-pensants. Ils ont le poids d'une ligne de vie exceptionnelle, mêlant l'expérience rugueuse du contact au réel à l'engagement sans faille au service des convictions. Pierre Rabhi vient de loin et il ne doit rien à personne. L’époque n'a pas fait de cadeau à ce petit gosse du désert algérien, s'échinant à mille boulots pour survivre, débarquant en France pour faire tourner les usines puis arrachant la subsistance de sa famille à des champs de cailloux ardéchois. Mais Pierre a tenu le coup. Et il a fait de son itinéraire personnel le fondement d'une réflexion profonde et singulière. On a peine à le croire tant les difficultés qu'il a dû affronter se sont montrées abruptes, mais Pierre considère que la vie sur terre est un cadeau inespéré. Il se réjouit chaque jour de pouvoir entretenir un rapport apaisé au monde qui l'entoure, dont il perçoit d'abord la beauté et l'harmonie. Le mal-être, si profondément ancré dans les psychés contemporaines, semble ne pas l'atteindre. Pierre est heureux de vivre parce que la nature l'enchante et qu'il ressent la vie comme un éblouissement. Ainsi est-il spontanément attaché à l'existence et à tout ce qui est, à tout ce qui vibre, palpite ou se transforme, ainsi tire-t-il sa force et ses valeurs de cet humus fondamental. Mais c'est aussi là, dans cette matière vivante, qu'il puise sa révolte, une révolte puissante et pacifique qui accompagne chacun de ses actes de vie. Car si Pierre est heureux de vivre, il se montre en même temps inquiet, terriblement inquiet, que le fil de la vie ne vienne à se rompre. Depuis longtemps il a perçu les signes du désastre possible, il a observé et constaté l'irruption de plus en plus massive d'une crise inédite de la civilisation humaine, se manifestant par l'épuisement des ressources de la terre et la rupture des équilibres naturels, mais aussi par la déliquescence des consciences. Du point de vue de cette régression, les errements de l'agriculture, passant de la noble mission de nourrir les hommes à une logique destructrice de la terre nourricière, constituent la plus forte démonstration de son livre. Qui aujourd'hui lui donnerait tort ? Chacun, pourvu qu'il ouvre les yeux, peut maintenant aboutir aux mêmes conclusions. Ils n’étaient pas nombreux il y a quelques années à faire les mêmes constats et à en avoir le cœur serré. Hélas, Pierre et les écologistes avaient raison ! On moquait leur "catastrophisme" quand ils n’avaient de cesse de crier casse-cou. Eh bien, le résultat est là : la civilisation est sur le point de se rompre le cou. Oui, la convergence des crises à laquelle nous sommes en train d'assister à grande vitesse - crise énergétique, crise climatique, crise alimentaire, crise du vivant - conduit droit à une crise sociale planétaire et à une récession économique mondiale dont les effets sont imprévisibles. Rien n’est donc plus urgent que de procéder à un immense changement de braquet et de perspective. "Changer pour ne pas disparaître", dit Pierre. Mais ce qu'il propose ne relève pas seulement d'un programme classique de changement économique et social. La rupture va plus profond. Pierre s'adresse à chaque conscience individuelle pour qu'elle "prenne conscience de l'inconscience" et opère elle aussi sa mutation, hors des pièges de la volonté de puissance et des pulsions de domination. Car Pierre en est convaincu et nous en sommes convaincus avec lui : il faut en revenir à l'homme. Sans appropriation par chacun des valeurs de sobriété et de modération, sans responsabilisation, sans révolution des esprits, bref sans transformation intérieure des individus, la transformation du monde échouera. "L'être humain est son propre obstacle sur le chemin de la libération", écrit-il. Sans doute y a-t-il bien d'autres obstacles de tous ordres - politiques, économiques, philosophiques, religieux - mais celui-ci, qui est en chacun de nous, est majeur. Je crois comme Pierre que "l'insurrection" des consciences individuelles contre tout ce qui les aliène et qui détruit leur milieu de vie est une condition nécessaire pour que l'humanité échappe au pire et que, en même temps, elle construise les bases d'une nouvelle époque de mieux-être. Puisse ce livre y contribuer.
NICOLAS HULOT,
président de la Fondation Nicolas Hulot
pour la nature et l'homme.
Votre site est très intéressant.
Je vous envoie un e-mail à suivre.
TerreHappy
Rédigé par : TerreHappy | 27 mai 2009 à 01:36