Le président de la République s'est exprimé lors de la séance d'ouverture du 7ème Sommet Europe-Asie. Je reprends ses propos.
"Mesdames et Messieurs, le monde va mal. Il va mal parce qu’il est face à une crise financière sans précédent dans sa gravité, dans sa soudaineté, dans sa violence et dans son déroulement. Le monde va mal parce qu’il est face à une crise du développement et ses conséquences sur l’environnement qui mettent en cause l’avenir même de l’humanité. Le monde va mal parce qu’il y a 900 millions de citoyens du monde qui n’ont pas les moyens de se nourrir. "
C'est vrai que les choses ne vont pas bien, on ne cesse d'entendre de mauvaises nouvelles sur les ondes et dans la presse en général, chaque jour. Par exemple, la bourse qui continue de baisser malgré les mesures importantes prises. Des petites entreprises qui souffrent, certaines déposants leur bilan, l'industrie automobile qui annonce des réductions massives de production et la plupart des sites chez Renault et PSA Peugeot Citroën qui vont être touchés par le chômage technique dans le dernier trimestre, des milliers d'intérimaires non reconduits. Ce n'est pas mieux aux États-Unis où General Motors, Chrysler et Ford sont en situation de survie malgré des réductions d'emplois par dizaines de milliers. En Europe, les constructeurs européens, Fiat, Volkswagen, BMW sont fortement touchés, ainsi que les poids lourds avec Volvo et Scania. La CAMIF Particuliers en cessation de paiement, Kronenbourg qui annonce des réductions d'effectifs, tout comme les hauts-fourneaux Arcelor Mittal en France et en Belgique. Dans le bâtiment, selon le PDG du promoteur immobilier Nexity, 180 000 salariés seraient menacés de chômage, en raison de la baisse de construction dans le neuf.
C'est la crise financière qui est l'élément déclencheur de ce scénario catastrophe. Mais je ne suis pas d'accord lorsque l'on parle de "soudaineté". Nombreux sont ceux qui ont alerté sur les risques que nous encourrions dans notre monde emporté par la folie de la course à l'argent, à la consommation, au rêve mythique de la croissance éternelle. Tout cela est même dénoncé dans mon livre Utopies ? et pourtant, je ne suis qu'un simple citoyen lambda.
C'est comme pour les promesses électorales, il est tellement facile de dire ensuite lorsque l'on construit le budget que l'on ne pouvait pas prévoir la hausse du prix du pétrole, ou de l'alimentaire.
Nos élites sont-elles vraiment sérieuses ? Si l'on écoute ce qu'ils disent les uns des autres, la réponse assurément est non, puisqu'ils l'affirment eux-mêmes. J'entends à la radio, ce matin, que des gens "très sérieux" à Bruxelles ont imaginé pour lutter contre les terroristes de mettre en place dans les aéroports par exemple, des "scanners déshabillant", c'est-à-dire permettant en passant sous un portique d'être vu comme si nous étions nus ! Devant le tollé, nos responsables s'empressent de démentir "à Bruxelles, ils n'ont pas toutes les cases dans le placard", dit-on, outre-Quiévrain.
Un violeur récidiviste vient d'être relâché. Motif, un greffier a remplacé par erreur le mot " confirme", par le mot " infirme" sur le document officiel faisant suite au jugement. Nicolas Sarkozy devant le vacarme résultant s'est empressé de demander que l'on dépose une "requête en rectification d'erreur matérielle", procédure obligatoire, lourde, qui va prendre du temps, pour essayer de rattraper cette erreur, ce qui n'est même pas certain d'aboutir. Cela m'inspire deux remarques. La première, c'est que la personne qui a commis l'erreur en rédigeant est probablement surchargée, ce qui peut justifier cette erreur, et que personne au moment de le signer n'a pris le temps de le relire de manière sérieuse également par manque de temps. On ne cesse d'entendre que la justice manque de moyens, tout particulièrement en effectifs. La deuxième, c'est que la loi qui ne permet pas de rattraper de manière simple une erreur aussi grossière est mal rédigée. Jean-Louis Boorlo, tout heureux parce qu'une loi, dans le cadre du Grenelle de l'environnement, venait d'être votée par les députés UMP et Socialistes, chose extraordinaire, expliquait que pour avoir un tel vote quasi unanime, ça ne se faisait pas comme ça. En effet, 2200 amendements ont été proposés et étudiés, plus de 300 ont été votés. Un travail préparatoire avait concerné un très grand nombre de personnes et nécessité de nombreuses heures de travail. C'est ça la démocratie, ajoutait-il. Eh bien, moi je dis que s'il a fallu tant de travail, mais qu'au moment de l'entériner autant d'amendements ont été nécessaires, c'est que le travail n'était pas bien préparé ! Et j'ai bien peur que tous les amendements acceptés, à la va-vite, puisqu'il y a toujours urgence, soient par la suite source d'un bon nombre de soucis, comme celui cité ci-dessus à propos de l'erreur de mots.
L'émission "les infiltrés" sur France 2, reportage en caméra cachée dans une maison de retraite, fait polémique. On y montrait des maltraitances subies par les personnes âgées. On peut dire qu'il s'agit peut-être d'un cas particulier, qu'on n'a montré que des aspects négatifs, n'empêche que ces griefs faits aux maisons de retraite reviennent régulièrement dans l'actualité. C'est vrai aussi pour les hôpitaux où les intéressés disent aussi crouler sous le travail, ce qui est sans doute en partie vrai.
En raison de l'augmentation du prix des carburants, pour faire face à la pression, le premier ministre veut imposer une taxe supplémentaire appelée "prime transport". Les députés de la majorité s'y opposent. L'opposition également, et c'est normal, l'opposition est faite pour s'opposer. Les discussions sont vives et tous les arguments fusent de toutes parts. Cette taxe a pour objectif de soulager le porte-monnaie des citoyens, fort sollicité ces derniers temps, en raison des nombreuses hausses et de la multiplication des taxes. Beaucoup le sont pour la bonne cause, comme celle pour financer le RSA. D'ailleurs en ce moment on n'augmente pas les impôts, puisqu'on a promis de les baisser. Mais les taxes pour cause de bonnes causes, c'est une bonne idée, il est difficile d'être contre les bonnes causes.
Eh bien oui, le monde va mal. J'ai peur que toutes ces élites mondiales, accompagnées de leurs cohortes de conseiller et d'experts, chacune n'ayant qu'une idée en tête, tâcher "de tirer au mieux ses propres marrons du feu", nous concoctent de nouvelles usines à gaz tout aussi inefficaces que les précédentes. Certes il faut répondre à l'urgence de la crise, mais si rien n'est préparé pour construire un avenir meilleur, en réalité rien ne changera. Lorsqu'il y a un incendie de forêt gigantesque, des équipes de pompiers gèrent l'urgence en protégeant les populations en danger. En même temps d'autres vont construire plus loin des contre-feux qui permettront que la catastrophe prenne fin, ce que ne pourront pas faire leurs braves collègues.
Je suis bien incapable d'apporter des réponses sérieuses pour faire face à l'urgence et je ne voudrais pas ajouter mes "Yaka" à tous ceux qui fusent chaque jour que Dieu fait. Par contre, j'ai envie de rappeler quelques pistes essentielles que j'ai évoquées dans Mon Livre Utopies ? même si comme pour toutes les propositions on peut y trouver à redire.
Premièrement, toute construction pour tenir debout doit reposer sur un socle solide. Dans notre monde fort complexe, on ne peut pas vivre, exister, s'intégrer à la société sans un minimum de moyens. Il en existe déjà un certain nombre, mais c'est insuffisant. J'ai appelé cette proposition "Bouclier Social". Il est clair que l'importance de ce bouclier n'est pas le même aujourd'hui dans tous les coins de la planète. Mais il est nécessaire partout. Beaucoup me disent, à juste titre, que cela leur fait penser au premier niveau de la pyramide de Maslow. Je pense qu'ils ont raison.
Deuxièmement, la notion de travail telle que nous la connaissons depuis des générations est en train de subir une évolution sans précédent. Nous ne pouvons pas faire l'économie d'une véritable réflexion à ce propos. Nous le voyons bien dans les exemples cités plus haut nombre de salariés vont souffrir des conséquences de la crise. Beaucoup vont se trouver momentanément sur la touche en attendant le retour de la fameuse et mythique croissance salvatrice. En attendant on va les assister, mot qu'il faudrait bannir de nos systèmes. On sait parfaitement, que pour leur bien et pour celui de la société il vaudrait mieux leur trouver une occupation qui leur rendrait leur dignité et apporterait des richesses à la société, dont tant de besoins ne sont pas satisfaits aujourd'hui, comme le montrent les quelques exemples donnés plus haut.
Troisièmement, pour que notre monde devienne plus humaniste, c'est-à-dire correspondre mieux aux attentes des hommes, il est fondamental de définir le type de société dans laquelle nous voulons vivre. Pour cela il faut comprendre que nos démocraties représentatives (pour ceux qui ont la chance d'en avoir une) fassent une part grandissante à la démocratie directe. Je vous invite à ce propos à visionner le diaporama intitulé "Démocratie humaniste", que vous pourrez trouver à l'adresse suivante :Démocratie Humaniste
ou :Démocratie humaniste
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