Je n'ai pas cherché à expliquer la raison du "non" irlandais ni à en privilégier quelques-unes relevées ici ou là. J'ai simplement trouvé là, prétexte à confirmer mon opinion que le décalage, entre les choix, les décisions, la gestion de nos représentants, et nos attentes à nous les citoyens, est tel que nous sommes de plus en plus nombreux à être déçus, démotivés, découragés, voire révoltés. Résultat on vote contre, on s'abstient, on s'exprime dans la rue, mais cela non plus n'apporte pas les réponses. Certes cela ne date pas d'aujourd'hui, mais les médias, la communication de plus en plus foisonnante, font que notre exaspération grossit chaque jour un peu plus.
Je pense pour ma part que le système politique ne peut pas répondre à ces attentes dans leur globalité. En effet, nos élus sont pris entre l'enclume (les citoyens) et le marteau (les lobbys, les puissances financières, les groupes de pression de toutes natures). On peut si on le veut se poser la question de savoir s'ils en ont la volonté, la compétence, l'envie. On peut aussi constater que quoiqu'ils proposent ils n'ont plus jamais notre appui, tant ils se discréditent en promesses non tenues et en disputes aberrantes, croyant que le fait de discréditer l'autre ou le dénigrer augmente leurs chances d'emporter la majorité à la prochaine élection.
La situation est totalement bloquée, les attentes sont de plus en plus nombreuses et pressantes, les défis du monde d'aujourd'hui sont énormes, déjà à nos portes tant les choses évoluent de plus en plus vite. Qu'on le veuille ou non, la mondialisation est installée, je ne vois pas comment on pourrait la refuser, l'ignorer. Nous sommes dans la situation d'individus se trouvant sur le parcours d'un torrent gigantesque. La seule chance d'en sortir indemne n'est pas de s'opposer à lui, mais de le canaliser. Pour cela nous devons sortir des schémas traditionnels, comprendre que l'addition de replâtrages quotidiens n'apporte rien, nous sommes condamnés à reconstruire, réorganiser nos systèmes, vite, très vite.
Je viens de le dire et nous le déplorons tous, le système politique actuel ne peut pas apporter ces réponses. Je ne me situe pas au niveau français (que sommes-nous par rapport à la multitude des autres ?), mais au niveau du monde occidental, au moins dans une première étape. Qui peut croire qu'une telle démarche de reconstruction pourrait être entreprise par les puissants du monde ? Ils sont bien trop préoccupés à préserver leurs "avantages acquis". C'est donc à nous l'immense foule des citoyens lambdas de nous prendre en main (de ne pas, comme des grenouilles, attendre stupidement dans la marmite, sans rien faire).
Beaucoup de choses existent, il ne s'agit pas de tout casser et réinventer, simplement de réorganiser. Il faut le vouloir et l'exprimer. Pas en réclamant bruyamment un peu plus de ceci, un peu moins de cela, mais en construisant un projet de société. Nous ne pouvons pas le faire individuellement bien sûr, il faut que ceux qui en sont capables l'élaborent. Lorsque cela sera fait, notre mission à nous sera de choisir parmi plusieurs propositions celle que nous préférons et d'exiger qu'elle soit mise en place. Les outils pour exprimer nos choix existent aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas il y a quelques années encore. Mais cela implique que nous prenions conscience de nos responsabilités :
• Tout n'est pas possible,
• Sans doute faudra-t-il accepter quelques sacrifices.
• Nos divisions, la plupart du temps pour des peccadilles, font le bonheur de tous ceux qui ne veulent pas que ça change.
Mais je suis convaincu qu'en échange nous gagnerons énormément en qualité de vie. N'est-ce pas là ce que beaucoup d'entre nous recherchent ?
C'est ce que j'ai essayé de dire dans mon livre, de façon bien plus détaillée que dans ces quelques lignes. Je n'ai pas la prétention d'avoir construit ce projet, il faut d'autres compétences que les miennes, et une équipe de haut niveau. J'ai simplement voulu apporter quelques pistes de réflexion, qui s'ajoutant à d'autres, pourraient donner envie de croire que ces utopies sont réalisables. Pour ma part je pense que l'utopie ne réside pas dans la faisabilité des choses, et dans la volonté de vouloir s'y atteler.
Si, comme on me le dit souvent, il n'y a rien à faire, nous sommes impuissants, alors c'est bien triste, cela veut dire que nous sommes condamnés, nous et nos enfants, à rester dans le schéma actuel, à attendre que des catastrophes annoncées nous apportent le pire, à la place du meilleur. Mais, je suis optimiste et confiant, sinon je ne passerai pas de tant de mon temps à essayer de le dire.
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