Les Irlandais ont voté "non" au Traité de Lisbonne. L'Europe est à nouveau en crise. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel demandent la poursuite du processus de vote. Nicolas Sarkozy qui pour la France doit prendre la présidence de l'Union Européenne déclare qu'il faut faire l'Europe "différemment".
Les déclarations pour expliquer ce vote vont bon train :
• Les Irlandais ont exprimé leurs inquiétudes sur les menaces que fait courir l'Europe, sur le droit du travail, les services publics, etc. Ils ont beaucoup reçu de l'Europe, mais celle-ci, aujourd'hui, leur fait peur.
• L'Europe n'est pas assez "démocratique, économique et sociale". Elle est insuffisamment humaine.
• L'intérêt du traité n'a pas été expliqué. Certains dirigeants auraient même reconnu ne pas l'avoir lu.
Les partisans du "non", toutes sensibilités réunies, se félicitent de cette décision, sans pour autant proposer une solution de rechange. Une Europe qui "ne marche pas", c'est mauvais pour tout le monde.
Par contre, il ne me semble pas avoir entendu l'un d'entre eux déclarer que c'était le système politique et le comportement de ses acteurs, quels qu'ils soient, qui étaient en cause. Ce qui est pourtant mon avis, et certainement pas que le mien.
Pour ma part, sans trop savoir quelle serait la bonne solution pour l'Europe, je suis consterné de voir cette incapacité à la construire. Je suis convaincu que dans notre monde de plus en plus complexe, qui évolue à très grande vitesse, et dont les défis à court terme sont énormes, il est suicidaire de se refermer sur soi-même, de s'isoler.
Cet échec confirme, prouve, ce que j'ai exprimé dans mon livre, et que d'autres disent de façons similaires.
Tout d'abord, force est de constater que la classe politique, dans le contexte d'aujourd'hui, est incapable d'apporter les solutions que le peuple, dont je fais partie, attend. Je m'interroge :
• Qui a construit les règles du jeu de cette Union Européenne, qui font qu'un seul des participants puisse bloquer à lui tout seul le système ?
• Est-il raisonnable d'agrandir le "cercle de famille", c'est-à-dire d'accepter de nouveaux arrivants, sans avoir au préalable réajusté ces "règles du jeu" ?
• Peut-on faire confiance à ceux qui prétendent gérer nos affaires, et qui n'entendent pas l'inquiétude du peuple ni ses attentes ?
• Peut-on faire confiance à ceux qui nous proposent des solutions, des réformes, des traités, etc. et qui sont incapables de nous les expliquer, de nous en faire valoir l'intérêt et les limites ?
• Peut-on faire confiance à ces "élites", qui pour obtenir le pouvoir, passent leur temps à se dénigrer mutuellement, tout en présentant, chacun à leur tour selon le résultat des élections, des projets qui se ressemblent et ne sont pas meilleurs les uns que les autres ?
Je pense que cet état de fait est plus dû au système qu'aux hommes eux-mêmes (tous, heureusement, ne sont pas "pourris", comme on l'entend trop souvent, à cause de quelques-uns). Je pense également que nous avons, nous aussi, le peuple, les citoyens, notre part de responsabilité. Il est bien trop facile comme nous le faisons tous les jours de "râler, nous plaindre, réclamer" en nous en "lavant les mains". Nous devons dire dans quel type de société nous voulons vivre, exiger que l'on nous y conduise. Nous devons prendre conscience de ce qui est possible et de ce qui ne l'est pas. Nous devons comprendre que nos petites disputes ne profitent qu'à ceux qui détiennent les richesses, nos divisions consolident leur règne.
Je ne suis pas en train de dire que c'est à nous de trouver les solutions, les experts sont là pour le faire et les proposer. Par contre, c'est à nous de choisir celle qui nous convient, en refusant la multitude des compromis, des aménagements, qui la dénature, pour faire plaisir à quelques groupes de pression, nous n'avons pas de sièges à préserver ou à gagner. Je pense que les outils modernes permettent cette expression du choix.
Bien sûr, en quelques lignes, il est difficile d'expliciter clairement ce genre d'idée, c'est pour cela que j'ai choisi de faire sous la forme d'un ouvrage plus conséquent. Il y a tant de choses qui ne vont pas aujourd'hui, tant de misère, de difficultés, d'insatisfactions, qui s'expriment chaque jour plus fortement. La communication de notre époque permet à tout le monde d'en avoir la connaissance. Le danger est de voir la manifestation de réactions aller en s'amplifiant et déboucher sur des violences non constructives. J'aimerais tant que le nombre de ceux qui prenant conscience de leurs responsabilités grossisse pour travailler et proposer de vrais modèles de progrès. Tant d'utopies se sont réalisées au cours de l'histoire des hommes, pourquoi pas celle-là ?
Les commentaires récents