Les pêcheurs français expriment leur désarroi en bloquant les ports et les dépôts de carburants. La hausse du prix du diesel est la raison mise en avant. Le ministre Michel Barnier leur a présenté un plan, en principe accepté par Bruxelles, qui prévoit une enveloppe de 310 millions d'euros. Les charges patronales seront réduites de 75 %, un programme de modernisation de 200 millions accompagnera ces mesures. Pour le financer, une taxe de 2 % sera appliquée sur la vente du poisson en grande surface. Les pêcheurs pour lesquels le gazole est totalement détaxé et coûte actuellement 70 centimes le litre, disent que leur seuil de rentabilité est à 35 centimes. Bruxelles ne pouvant autoriser la baisse du tarif, cet obstacle sera contourné grâce aux aides prévues. Cette annonce n'a pas calmé la colère des marins-pêcheurs qui ont reconduit leur mouvement, désavouant leurs représentants nationaux qui demandaient d'y mettre fin. Ils craignent que ces mesures n'apportent qu'un répit momentané, et il n'est pas sûr du tout que Bruxelles soit d'accord pour la totalité du plan.
Personnellement, je me pose un certain nombre de questions :
Pourquoi ne répercutent-ils pas la hausse du carburant dans leur prix de vente ? Tout simplement parce que leurs concurrents les en empêchent. Ils sont plus compétitifs. Pour diverses raisons, à coup sûr parce que les charges sociales ne sont pas les mêmes (est-ce déloyal ?), mais aussi parce que la flotte et les méthodes de pêches sont dépassées. La filière est depuis longtemps déficitaire. En France nous avons beaucoup de charges, parce que nous avons une très bonne protection sociale. Qu'est-ce qui est injuste : la concurrence déloyale de ceux qui n'ont pas de fortes charges, ou le fait de vivre dans un pays ou la protection est faible ?
Si l'on réduit les charges, ce qui est déjà partiellement le cas avec la détaxe du gazole, comment financer les aides ?
Si l'on aide cette filière en grosse difficulté, tous les autres qui souffrent de la hausse du gazole (agriculteurs, transporteurs routiers, ambulanciers, infirmières, taxis, tous ceux qui pour se rendre à leur travail sont obligés d'utiliser leur voiture, etc.), et qui sont à l'écoute de ce qui se passe, ne vont-ils pas se précipiter dans la rue, pour obtenir, eux aussi, des aides pour faire face à leurs propres difficultés ?
Les quotas font partie du problème (l'Europe est suréquipée en navires, on pêche trop). Ils sont là pour préserver la ressource naturelle. Que se passerait-il si elle venait à disparaître ? Du fait de cette limitation, il n’y a pas assez de place pour tout le monde ! Derrière ce constat se cache une fois de plus la hantise du chômage. À nouveau se pose la question comment préserver les emplois, comment en créer de nouveau ?
S'il n'y avait que cette filière à secourir, à réorganiser, à moderniser, on devrait arriver à trouver les moyens financiers pour le faire. Malheureusement, tous les jours, l'actualité est faite de problèmes tout aussi gourmands en besoins de toutes natures, et l'on en revient toujours à la question des "sous". Gestion des retraites, pouvoir d'achat, manque de moyens dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, rémunérations insuffisantes dans de nombreux domaines, budgets de l'école, des universités, de la recherche, etc. Je me demande vraiment comment un gouvernement, quel qu'il soit, de droite, de gauche, ou d'ailleurs, peut trouver des solutions autres que les saupoudrages par-ci, par-là, qui ne satisfont personne et ne font qu'attiser la grogne ambiante, le désarroi grandissant, le discrédit reporté sur la classe politique qui ne peut pas faire face à cette masse de problèmes.
Évidemment en disant tout cela, je n'ai fait qu'ajouter mon constat à celui de tout le monde. Pourtant, j'ai le sentiment qu'il existe des solutions qui pourraient répondre plus efficacement à ces défis qui empoisonnent chaque jour un peu plus la vie de nos sociétés d'aujourd'hui. Mais je crois que pour cela il faut arrêter de ne raisonner qu'à court terme pour colmater toutes les difficultés qui s'expriment chaque jour et se poser véritablement la question d'une remise en cause plus profonde qui seule peut permettre ces évolutions que nous attendons tous de manière de plus en plus pressante.
Certes, on ne peut pas faire abstraction de tous les problèmes qui s'expriment chaque jour, il faut les traiter tant bien que mal. J'ai envie de dire qu'il faut procéder comme le font les pompiers lorsqu'ils sont confrontés aux gigantesques incendies qui frappent bien souvent nos espaces naturels. Tout en combattant le feu là où il est actif, travail difficile, harassant, épuisant, ils ont la sagesse d'aller construire plus loin des contre-feux qui feront qu'à un moment donné ces difficultés quasi insurmontables auxquelles ils sont confrontés, s'arrêteront grâce à ce travail réalisé parce qu'ils se sont projetés dans le futur.
Pour moi, travail, activité professionnelle ou associative, rémunérations, retraites, chômage, ASSEDIC, reconversion, partage du travail, précarité, etc. sont des mots qui sont liés entre eux. Pour en faire disparaître un certain nombre, ou tout au moins fortement les atténuer, je pense plus particulièrement à ceux qui ont une connotation négative, chômage, précarité, perte de dignité, pour en citer quelques-uns, il faut avoir une réflexion d'ensemble qui s'appuie sur la volonté de voir les choses différemment et de changer quelques règles du jeu.
C'est ce que j'ai essayé d'exprimer dans mon livre Utopies ? Certes, je n'ai pas la prétention d'avoir découvert la panacée. Mais j'ai tenté d'exprimer un certain nombre d'idées qui sont des pistes de réflexion. Je ne suis pas le seul, d'autres apports vont dans le même sens. Si nous essayions, tous, d'en prendre conscience, de comprendre que nous portons tous notre part de responsabilité pour que les choses changent vraiment, peut-être que ce qui paraît utopique au premier abord pourrait devenir réalité, comme cela a déjà été le cas pour un grand nombre d'utopies. L'utopie de mon propos ce n'est pas la faisabilité des choses, c'est la volonté, la nôtre à nous, les citoyens. Saurons-nous l'avoir ? C'est bien la réponse à cette petite question qui m'a incité à ajouter ce grand point d'interrogation au titre de mon livre.
Je vais continuer à essayer d'exprimer ces idées en réagissant dans mon Blog aux sujets que nous offre l'actualité de chaque jour, espérant qu'un certain nombre d'entre vous deviennent des relais pour les celles qui leur paraîtront intéressantes, ou qu'elles soient enrichies, pourquoi pas !
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