Des enfants, 250, grâce à l'initiative d'une école strasbourgeoise, vont s'abstenir de télévision, d'Internet, de consoles de jeux, volontairement, pendant dix jours. Nombreux sont les commentaires, pour, contre, neutres, excessifs ou de bon sens.
J'entends dire que des études sur des enfants qui ont vécu une expérience similaire ont constaté une baisse très significative de la violence physique en école, de l'ordre de 60 %. L'utilisation excessive de ces médias ou jeux ne crée pas que de l'agressivité, mais également un sentiment d'angoisse auprès d'enfants qui développent des attitudes de victimes.
Les familles qui pratiquent cette sorte d'abstinence déclarent qu'il s'agit en réalité de vivre autrement. Bien entendu, les enfants sont demandeurs, s'énervent quelquefois, mais lorsque la règle est correctement établie, en général il n'y a pas de traumatismes ou autres problèmes liés à une consommation modérée de ces outils. Au contraire, les échanges au sein de la famille sont plus nombreux, plus conviviaux, plus constructifs. Les enfants participent de façon beaucoup plus efficace à leurs activités, qu'elles soient scolaires, sportives, culturelles ou autres. Leurs talents s'expriment mieux.
En réalité, ces outils sont une solution de facilité pour avoir du temps, ils sont en quelque sorte une baby-sitter pratique et pas chère. Les parents se déchargent de leur rôle d'éducateurs. Apparemment, cela ne débouche pas sur des problèmes de marginalisation ou d'exclusion par rapport aux autres enfants gros consommateurs, hélas pour eux.
Assurément, il ne s'agit pas de tout supprimer, de vivre en ascèse en quelque sorte, mais simplement de mieux profiter de la vie. C'est d'ailleurs une demande de plus en plus forte dans notre monde, où l'on est sursollicité, surbooké, stressé dans son travail, par toutes les difficultés pour trouver sa place au sein de la société. Mieux vivre, avec moins de précarité, moins de misère, plus de temps libre, nous en rêvons tous, mais que faisons-nous pour que cela devienne réalité ?
Finalement, je réagis à ce propos, non pas par ce que j'ai traité ce sujet dans Utopies ? mais tout simplement parce que je constate qu'il s'agit là une composante de notre Société d'aujourd'hui dans laquelle il est extrêmement difficile de trouver son équilibre dans tous les domaines qui constituent notre quotidien. Or, c'est bien là le thème principal du livre, que de se poser la question : pourquoi avec toutes les richesses que nous possédons, extraordinairement plus nombreuses que celles dont ont bénéficié tous nos prédécesseurs, pourquoi n'arrivons-nous pas à trouver notre équilibre, à exprimer ce bonheur qui semble à portée de main, et qui pourtant reste le plus souvent inaccessible ? Je reste persuadé qu'il faudrait peu de choses, pour que cela change. Il suffirait juste de changer quelques règles du jeu. Mais pour cela il faudrait en prendre conscience, comprendre qu'il s'agit de notre responsabilité et non pas de celle de nos gouvernants, et de le vouloir. C'est ce que j'ai tenté d'exprimer dans mon livre. Certes, je n'ai pas la prétention d'avoir découvert les solutions miracles, elles n'existent pas. Et pourtant nombreuses sont les utopies qui sont devenues réalités, grâce à l'obstination d'un certain nombre.
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