Merci à celles et ceux qu'ils sont venus échanger avec moi, à propos d'UTOPIES ? à la médiathèque Élie Chamard de Cholet jeudi 3 avril dernier. Pendant plus de deux heures, après la présentation de son contenu à l'aide d'un diaporama, la discussion a été soutenue, au sujet des idées proposées dans le livre, essentiellement sur les thèmes de la religion, du Bouclier Social et du travail.
Concernant la religion, certains mots utilisés dans cette présentation qui tente de résumer de manière rapide ce qui est développé beaucoup plus largement dans l'ouvrage, ont pu prêter à confusion. Il m'a semblé que globalement nous étions d'accord sur le fait qu'il ne serait pas inutile de procéder à un gros dépoussiérage. Ce serait bien que les chrétiens séparés, quelles que soient les sensibilités, se réconcilient sur l'essentiel. Ce devrait pouvoir se faire très très vite, si les élites qui nous conduisent voulaient bien se comporter en hommes de bonne volonté. Le "fatras", ou plutôt ce qui constitue la diversité, les croyances discutables, non partagées par tout le monde, mais aussi ce qui est totalement dépassé et qui véhicule une image négative joue le rôle de repoussoir pour beaucoup de personnes, les jeunes en particulier. Prendre du temps pour se mettre d'accord est inéluctable. Il y a ce que l'on peut conserver au nom de la diversité qui est une richesse, sans obligation pour qui que ce soit de tout accepter en bloc. Que chacun respecte les convictions de l'autre, dans la mesure où elles ne dénaturent pas le message essentiel. Pour le reste, ce qui est obsolète, manifestement faux, il faut avoir le courage de procéder un élagage salutaire.
La religion, non pas la foi, expression d'une conviction personnelle, mais l'outil inventé par l'homme pour organiser sa relation à Dieu, suscite bien des réactions. Trop souvent, et encore actuellement malheureusement, cet outil a été utilisé pour asseoir le pouvoir de quelques-uns. Les malheurs qui en découlent sont indéfendables. Ne jugeons pas les excès commis dans le passé, les conditions de vie, le contexte, n'étaient pas ceux d'aujourd'hui. Contentons-nous de nous conduire plus intelligemment maintenant, ce qui n'est pas chose gagnée.
Ne jetons pas "le bébé avec l'eau du bain". Il y a eu et il y a toujours, dans les religions, des aspects négatifs, mais aussi des aspects positifs. Quel serait le bilan si elles n'avaient pas existé ? C'est impossible de le dire, mais il n'est pas sûr du tout qu'il serait meilleur. À chacun de faire sa propre recherche sur le pourquoi de son existence comme il l'entend. Je pense personnellement que nous avons besoin les uns des autres pour progresser, en ce domaine comme en d'autres. Il me vient à l'esprit un exemple pour illustrer cela. Laure Maledou, grande championne de natation, s'est récemment fait remarquer par ses démêlés avec ses entraîneurs. Lassée du système d'entraînement de Philippe Lucas elle a tenté d'autres expériences, y compris celle de se refermer sur elle-même, dans une structure familiale. Puis elle est revenue vers une organisation plus classique. Il est très difficile de faire des progrès et qui plus est d'atteindre les plus hauts niveaux (même si l'on est très doué) tout seul. Je pense que c'est vrai également dans notre quête de spiritualité. On peut envisager de la faire tout seul dans notre coin, mais personnellement j'éprouve le besoin de me situer dans structure avec ses défauts et ses qualités. L'important est de s'assurer qu'elle convienne à notre personnalité, et de prendre ce qui est bon tout en rejetant ce qui ne l'est pas.
Le "Bouclier Social", nous a fait largement débattre. Il existe beaucoup d'aides qui jouent un rôle similaire à cette proposition. Il n'est pas possible dans ce billet de rentrer dans le détail de tout ce que nous avons échangé. J'ai seulement envie de citer quelques mots qui sont venus dans la conversation et sur lesquels on peut discuter longtemps. Précarité, difficulté d'insertion lorsqu'on est en situation très difficile, qu'on ne se sent pas fort, manque de moyens, manque de savoir-faire, comment s'en sortir ? Dossiers à constituer, motivation pour travailler, Revenu de Solidarité Active, handicaps, Revenu Minimum d'Existence décent, Dividende Universel, aides sociales de toute nature, assistanat, responsabilité, etc., etc.
À propos du travail, nous avons évoqué tous les problèmes liés aux évolutions que nous vivons tous aujourd'hui. Nous voulons des prix les plus bas. Pour répondre les entreprises remplacent les hommes par des machines, délocalisent, demandent plus à ceux qui travaillent, tout cela provoque des licenciements, et les drames qui vont avec. Pourtant, la richesse produite est toujours là. On l'utilise en partie pour donner des ressources à ceux qui ont un emploi (salaires) et des aides à ceux qui sont exclus. On est dans un cercle vicieux parfait, dont il fondra bien sortir un jour ou l'autre. On invoque systématiquement la croissance comme solution miracle, mais n'est-ce pas de plus en plus une illusion ? Notre monde change très vite. N'est-il pas temps d'explorer des pistes nouvelles ? Nous en avons évoqué au cours de cette réunion. Utopies, entendait-on par-ci, par-là. Évidemment, c'est le titre du livre ! Pas tout à fait, car le "?" a son importance. L'utopie, me semble-t-il, n'est pas tant la faisabilité des choses, mais plutôt la volonté de vouloir les faire, le courage de regarder le problème en face, et de chercher de vraies réponses.
Les propositions d'UTOPIES ? dans le contexte du moment présent soulèvent à juste titre de nombreuses difficultés, mais n'est-ce pas en oubliant pendant quelque temps tout ce qui ne va pas aujourd'hui, que l'on peut imaginer une construction plus juste, plus équitable et qui marche ? Ce n'est qu'ensuite qu'il faudra découvrir les chemins pour passer de notre modèle actuel, vers celui que nous espérons. On arrive toujours à trouver les chemins qui le permettent.
Le débat n'est donc pas clos, poursuivons-le, notre monde en a bien besoin.
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