Jacques Attali remet le rapport sur la croissance de la commission qu'il préside au Président Nicolas Sarkozy. Parmi les mesures qu'il préconise pour faire face au manque de main-d'oeuvre dans certains secteurs comme le bâtiment, la restauration, l'informatique, on relève une proposition pour faciliter l'immigration (" immigration choisie" ?).
Les polémiques n'ont pas tardé. J'entends sur les ondes nombre de propos, dont ceux-ci :
Il s'agirait d'une immigration, limitée à trois ans, pour célibataires, avec retour au pays en fin de course.
On ne trouve pas la main-d'oeuvre nécessaire en France, parce que les gens ne sont pas motivés, à commencer par les chômeurs.
Vu le niveau de salaire proposé, les indemnisations ASSEDIC, le montant du SMIC, on ne peut pas trouver preneur.
Il s'agit dans la plupart des cas (bâtiment, restauration par exemple) de métiers durs, mal payés.
Dans la charpente, on peut faire appel à du personnel polonais qualifié à l'aide de contrats d'intérim, de trois mois, et un coût, bien moindre, que celui des salaires des charges français.
Etc.
Une fois de plus on propose, pour répondre à un vrai problème, de mauvaises solutions. En effet, qui pourrait croire que ces contrats seront limités à trois ans, sachant que la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée va devenir de plus en plus grande dans les années à venir ? Peut-on penser sérieusement, que ces travailleurs, célibataires, n'auront aucune envie, de faire venir leur famille, d'en construire une, de rester ? Que se passera-t-il avec les générations suivantes, nées en France, ne prépare-t-on pas les futurs problèmes d'intégration, pour lesquels on ne trouve pas de solution aujourd'hui ?
J'ai entendu des chefs d'entreprise, dire que les vraies solutions à cette pénurie de main-d'oeuvre passent par la remise en cause tous les blocages qui existent dans notre système socio-économique.
C'est bien mon point de vue également, et va dans le sens des propositions (pistes de réflexion) que j'ai proposées dans UTOPIES ?
Par exemple :
Il faut réfléchir sur la notion de travail, la façon de rémunérer, la façon de partager.
Il faut revoir notre système de protection sociale. Construire un bouclier social, véritablement efficace contre la précarité.
Il faut abolir la notion de chômage.
Il faut permettre aux entreprises de s'adapter à l'évolution de leur marché, plus grande souplesse, plus grande flexibilité.
Etc.
Tous ces points sont développés dans UTOPIES ? Ces idées ne sont pas utopiques dans leur faisabilité technique et pratique, par contre, elles le sont parce que cela nécessite un changement de comportement (un peu similaire à celui qui est en train de se construire avec la conduite automobile, ou vis-à-vis des problèmes d'environnement). Cela demande du temps, une volonté, qui nécessite notre adhésion, à nous les citoyens, pour que nous puissions l'exiger de nos dirigeants, qui dans le contexte actuel, sont dans l'impossibilité de faire.
Faut-il attendre que des catastrophes arrivent, pour en prendre conscience, trop tard ? Ce qui est sûr, c'est que si nous n'avons pas la volonté de nous y attaquer, dans trente ans, dans cinquante ans, nous continuerons à nous plaindre des mêmes problèmes, si par chance ces catastrophes ne se sont pas encore produites.
Les commentaires récents