Il y a quelque temps, Laurence Parisot, présidente du Medef, a participé à la conférence sur les revenus et l'emploi, avec le premier ministre et les organisations syndicales. Interrogée sur RTL, elle déclarait en gros les choses suivantes :
Pour trouver de bonnes solutions, il faut commencer par faire un diagnostic partagé le plus largement possible.
Tous les partenaires sont d'accord sur le constat. C'est sur les causes que les divergences de vues sont assez grandes. Depuis des dizaines d'années, on attend, avec impatience, des réponses concrètes par rapport au constat. En raison de cette impatience, on ne traite pas les problèmes de fond, on ne perçoit pas les réformes fondamentales de structures qui, elles seules, peuvent apporter des réponses satisfaisantes.
Les gens disent que l'on vivait beaucoup mieux dans les années 60/70. Les réponses concrètes étaient alors faciles, dit-elle, car à cette époque la France avait une croissance très forte, supérieure à celle des États-Unis. Cela permettait effectivement d'améliorer le niveau de vie. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, poursuit-elle. Remettre en cause le partage des richesses n'est pas la bonne piste, explique-t-elle. Les vraies solutions passent par l'augmentation de la richesse globale, ce qu'on ne peut faire que si l'on augmente la croissance, chose réalisable grâce à plus de compétitivité pour les entreprises. Particulièrement difficile actuellement, en raison du fardeau qui leur est imposé par la pression fiscale qui n'existe nulle part ailleurs à un tel niveau.
Je suis assez d'accord sur ce qu'elle dit à propos de la pression fiscale. J'adhère également au fait que pour apporter de bonnes solutions il faut agir sur les causes et prendre le temps de faire une construction d'ensemble et de fond, et non pas une addition de "mesurettes".
Pourtant, je ne suis pas d'accord avec ce qu'elle déclare par ailleurs, et cela, je l'ai longuement exposé, dans UTOPIES ? Mon point de vue est le suivant :
Certes, la croissance peut être un bon moteur pour améliorer les choses. Tant mieux si elle est là, mais il me paraît dangereux de ne compter que sur elle. Il n'est pas sûr que nous soyons capables, aujourd'hui de la construire de façon saine et durable. Doper la consommation me semble être une fuite en avant malsaine et qui ne profiterait pas forcément à nous. Beaucoup de choses sont à reconstruire préalablement, comme la "juste pression fiscale", la motivation qui n'est plus là. De plus, il faut cesser de penser que la croissance dans un monde fini est illimitée. Des acteurs puissants sont en train de prendre leur part (la Chine, l'Inde, le Brésil, ...). Les ressources s'épuisent. La croissance démographique n'est plus la seule hypothèse crédible.
C'est sûr qu'il faut des réformes importantes, des réformes de fond. Dans le contexte actuel, il est impossible de les réaliser. Pour cela, il faudrait l'adhésion des personnes concernées, c'est-à-dire la population dans son ensemble. Les leaders politiques, économiques, les partenaires sociaux, se déchirent entre eux, tant ils sont préoccupés par leurs idéologies et le souci de gagner par rapport aux autres. Leur comportement, leurs attaques systématiques des "adversaires" exacerbent les clivages de la société. Ils ont perdu leur crédibilité et les populations concernées ne savent plus discerner où se trouve la vérité, quelles sont les bonnes solutions. Conséquence, chacun préfère s'arc-bouter sur sa situation, par peur de se retrouver "grand perdant". Sa position sur le "partage de la richesse" est un bon exemple. En effet si l'on ne regarde que l'aspect monétaire des choses, il est certain que prendre à quelques "trop riches" pour partager avec les plus défavorisés, ne résoudrait rien. En revanche si l'on veut créer l'adhésion, il faut des leaders capables d'entraîner les populations, pratiquement toutes concernées. Il est clair que, en ce domaine, l'indécence de certains sape toutes les tentatives sérieuses.
UTOPIES ? n'a pas la prétention d'apporter de solution miracle, seulement d'exposer d'autres pistes. Aux lecteurs d'en apprécier la pertinence.
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